TANZANIE:
Région de Ruvuma

DEVELOPPEMENT DE L’APICULTURE DANS LES WILDLIFE MANAGEMENT AREAS DU CORRIDOR SELOUS-NIASSA

Le « Selous – Niassa Beekeeping Support Programme » visait à soutenir le développement et l’intégration formelle de l’activité apicole villageoise à la gestion des zones de chasse villageoises (WMA).

DOMAINES D’INTERVENTION
Gestion communautaire des ressources naturelles, appui institutionnel, appui et renforcement institutionnel, apiculture, produits forestiers non ligneux, développement économique.

PARTENAIRES PRINCIPAUX
Community Based Organisations (CBOs) des Wildlife Management Areas (WMAs) de Nalika et Mbarangandu, District Councils (DCs) de Tunduru et Namtumbo, Ministry of Natural Resources and Tourism (MNRT).

DESCRIPTION DU PROJET
La région de Ruvuma, située dans le sud de la Tanzanie, est l’une des plus pauvres et des plus enclavées du pays. L’économie locale dépend d’une combinaison entre agriculture sur brûlis et exploitation directe des ressources naturelles. La principale activité économique formelle est la chasse sportive qui exploite la majorité de l’espace forestier de la région sous forme de blocs de chasse. Toutefois, les découvertes récentes de nombreux gisements de minerais dans la région (diamants, uranium) et la progression des fronts pionniers agricoles (tabac, riziculture) menacent directement la conservation de ces espaces naturels. L’extraction illégale des ressources naturelles se manifeste de différentes façons, tant par la coupe illégale de bois que par le braconnage, y compris d’espèces intégralement protégées comme l’éléphant.
La pression humaine sur les ressources va en augmentant en raison d’un phénomène de migration, de l’accroissement naturel et de l’introduction de nouvelles techniques de prélèvements des ressources (pêche au poisson, introduction des armes automatiques dans le braconnage). Tant l’agriculture (conversion d’écosystèmes en agrosystèmes) que l’exploitation minière ont des impacts environnementaux forts et ne contribuent finalement que faiblement à la réduction de la pauvreté.
Dans un tel contexte, les populations de plusieurs villages de la région se sont associées depuis plus d’une dizaine d’années pour mettre sur pied des zones de gestion communautaire de la faune (Wildlife Management Area – WMA) afin d’assurer la conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles contenues dans le corridor. Pour réaliser ce projet, elles ont identifié l’apiculture comme une source potentielle de revenus complémentaires à ceux issus de la chasse. Plus récemment, la cueillette et la commercialisation de champignons a également été perçue comme une activité économique alternative potentiellement réalisable. Cette tentative de formalisation d’exploitation multi-usage était une première en Tanzanie et représente un enjeu important en termes de développement.

APPROCHE DU PROGRAMME
Le « Selous Niassa Beekeeping Support Programme » visait à soutenir le développement et l’intégration formelle de l’activité apicole villageoise à la gestion des Wildlife Management Areas (WMA), littéralement zones de gestion de la faune. Le programme intervenait dans 17 villages, dans les districts de Namtumbo et Tunduru. Ces 17 villages participent à la gestion de deux WMA, celle de Mbarangandu à Namtumbo et celle de Nalika à Tunduru. La zone recouverte par ces deux WMA d’un seul tenant est de plus de 5’000 km2 et couvre toute la partie du nord du corridor Selous-Niassa.
Le programme, dont les bureaux étaient établis à Namtumbo, intervenait en coordination avec deux autres initiatives de coopération internationale visant à assurer la conservation du corridor écologique reliant les réserves de faune de Selous en Tanzanie à celle de Niassa au Mozambique. Le Selous Niassa Wildlife Corridor Project était une initiative du PNUD et du FEM mise en oeuvre par la GTZ-IS qui soutenait la mise sur pied des WMAs dans le corridor Selous Niassa, coté Tanzanien. La KfW soutenait également l’initiative de conservation du corridor par le biais d’un appui aux districts du corridor, mis en oeuvre par la Wildlife Conservation Society of Tanzania.
De 2006 à 2011, l’ADAP a apporté un soutien logistique (fourniture de matériel, participation à la construction de bureaux, etc.) aux organisations de base communautaire (CBO’s) en charge de la gestion des WMA et à appuyer le développement de l’activité apicole en intervenant à plusieurs niveaux, soit à :
– L’appui à la structuration et à la formalisation des groupements d’apiculteurs.
– La délimitation des zones favorables à l’apiculture dans les WMA’s.
– La formation technique en apiculture et la construction des ruches modernes.
L’ADAP a également aidé à identifier de nouvelles pratiques alternatives aux activités destructrices de l’environnement. Elle a particulièrement soutenu la filière champignons.

Le projet a ensuite poursuivi ses objectifs initiaux en matière de développement de l’apiculture au niveau villageois, à savoir une double stratégie visant à améliorer la qualité et la quantité des produits de la ruche par le biais de nombreuses formations, et un appui à la gestion organisationnelle des groupements d’apiculteurs au niveau villageois. Ces appuis visant au renforcement des capacités locales prennent principalement la forme de formations techniques et / ou de gestion. Un accent plus fort a été porté en seconde phase sur l’identification et l’organisation de l’accès aux marchés.

Au niveau institutionnel, le projet a soutenu les démarches visant à intégrer formellement l’apiculture à la gestion des WMA.

Toujours dans la même perspective d’appuyer le développement d’activités de gestion durable des ressources génératrices de revenus pour les communautés locales, un appui a été apporté pour soutenir une amélioration qualitative et la formalisation d’une filière de collecte et de commercialisation de champignons. Pour réaliser ce projet, l’ADAP s’est principalement appuyé sur les organisations de base de gestion communautaire, sur les districts, ainsi que sur d’autres partenaires tanzaniens. Enfin, l’association a collaboré étroitement avec les deux autres projets de coopération intervenant dans la région, respectivement mis en oeuvre par le PNUD et la KfW.

RÉSULTATS
Les deux CBOs ont été formellement enregistrées et reconnues par le gouvernement central. Le processus de création des WMA a été porté à son terme, puisque les deux CBOs ont reçu leur statut d’Authorized Association, leur permettant de rentrer en relation contractuelle avec des opérateurs de chasse pour la valorisation des WMAs. Le projet a soutenu, avec d’autres partenaires la construction des bureaux des deux CBOs à Namtumbo et Tunduru.

L’apiculture a été formellement intégrée au fonctionnement des WMA, avec des zones spécialement dédiées démarquées dans le zonage de chaque WMA prenant en compte les exigences de la production apicole (peuplement forestier à dominante mellifère, proximité de ressources en eau) et de la gestion (accessibilité, proximité des villages).

Les groupements d’apiculteurs ont été organisés, enregistrés, et formés, grâce au soutien de notre partenaire TAWIRI et à des échanges fructueux en termes de formation réalisés avec notre partenaire dans l’ouest Tanzanien Inyonga Beekeepers Association. Il y a ainsi plus de 1000 apiculteurs qui se sont organisés au sein de 40 groupements dans les 17 villages de la zone d’intervention. Plus d’un millier de ruches modernes ont été réalisées et installées dans les WMAs. D’une production marginale à ses débuts, c’est plus de 12 tonnes de miel qui ont été produites la dernière année du projet.

Suite à la réalisation d’une étude sur les champignons comestibles réalisée en première phase qui a révélé le potentiel important que représente cette filière, le projet et les autres partenaires (PNUD, KfW) ont soutenu la mise en place d’une filière champignons au cours de la seconde phase. Dans ce cadre des formations sur la collecte, le conditionnement (séchage) et le stockage des champignons ont été délivrées aux groupements de producteurs.

Au tournant de l’année 2010, l’ADAP est informée que des prospections réalisées par des compagnies minières ont révélé la présence d’un important gisement d’uranium dans les zones couvertes par les WMAs. Fortement soutenu par le gouvernement Tanzanien, le projet avance rapidement et en 2011 les premiers puits sont forés, une partie importante d’entre eux sont localisés dans les zones de production apicole. Une première réaction sera de retirer les ruches de ces espaces. Toutefois la pression devient rapidement très forte et des tensions apparaitront avec le District et la Région suite à une information transmise par le staff de projet dans les villages sur l’incompatibilité entre la production d’uranium et de denrées alimentaires dans les mêmes espaces compte tenu des risques de contamination. Face à l’évolution du projet d’extraction d’uranium, qui va aussi entrainer le déclassement d’une partie de la Game reserve de Selous, et suite à différents échanges avec le gouvernement, ainsi qu’avec l’ambassade de Suisse, l’ADAP décide d’interrompre son projet à la fin de l’année 2011.

  • QUELQUES IMAGES DU PROJET

INFORMATIONS
SUR LE PROJET

Durée du projet
2006-2012
Localisation

17 villages des Districts de Namtumbo et Tunduru, région de Ruvuma, Tanzanie.

Budget total
809’000 CHF, dont 720’000 FGC et 89’000 CHF autres bailleurs (KfW, PNUD-GEF et ADAP)
Bénéficiaires
~ 35’000 personnes
Partenaires locaux

Community Based Organisations (CBOs) des Wildlife Management Areas (WMAs) de Nalika et Mbarangandu, District Councils (DCs) de Tunduru et Namtumbo, Ministry of Natural Resources and Tourism (MNRT)

Responsable pour l’ADAP:

Monsieur Yves Hausser

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