Inondations et COVID-19 en Tanzanie, un début d’année chamboulé

L’année 2020 se présentait comme une année clé, aussi bien pour l’environnement au niveau global avec toute une série de rencontres internationales de haut niveau (réunions de la Convention pour la Diversité Biologique, congrès mondial de la Nature de l’UICN, etc.), que pour les activités de nos projets sur le terrain. Les effets combinés du changement climatique et de la propagation d’une pandémie d’échelle mondiale en ont décidé autrement.

Des inondations d’une ampleur inédite

Dès la mi-janvier, la route entre Tabora et Inyonga a été coupée au niveau du pont de la rivière Koga qui a été rapidement submergé par des crues sans précédent. Si cela arrive régulièrement, de manière ponctuelle, c’est la durée et l’ampleur des dégâts qui marquent cette année. Au moment de la rédaction de cette rubrique – 10 avril 2020 – la rivière est toujours en crue et le passage impossible, les dégâts à la route sont très importants, et il faudra un travail conséquent pour parvenir à rendre cette connexion à nouveau fonctionnelle. De fait, entre temps, c’est tout le pays qui s’est retrouvé impacté, ainsi les axes principaux ont vu la plupart des ponts être emportés, et de large sections des routes être coupées.

Au niveau des projets, le seul moyen d’accéder à Inyonga est un transport par avion jusqu’à Mpanda, puis un voyage encore faisable bien qu’hasardeux de Mpanda à Inyonga par la route. C’est ce chemin qu’a suivi le Dr Kilahama venu réaliser l’évaluation externe du projet à Inyonga.

Le projet du corridor de la Rungwa a également été quasiment coupé du monde, la route principale Tabora – Sikonge – Lukula a été coupée à plusieurs endroits, particulièrement au niveau de la rivière Kululu. Une réunion planifiée avec la WCS a ainsi dû être reportée. Le Dr Urs Bloesch venu pour réaliser l’étude sur la faisabilité du développement d’une chaine de valeur ajoutée sur les champignons sauvages au profit des villageois a ainsi rencontré des conditions dantesques pour son séjour. Ce n’est que grâce à son engagement et à la possibilité de circuler en moto que la mission a pu être conduite à son terme, moyennant le passage de nombreuses rivières avec de l’eau jusqu’à la poitrine et un retour sur Tabora via Itigi – Manyoni grâce à l’aide de la Tanzania Wildlifre Authority, de conducteurs privés puis finalement de bus qu’il a fini par parvenir à rentrer sur Tabora pour revenir en Suisse.

A cette situation déjà très particulière s’est ajouté le développement rapide de l’épidémie du COVID-19 au niveau international. La compagnie aérienne Swiss ayant interrompu ses vols, c’est par Emirates que le Dr Bloesch parvient finalement à regagner la Suisse. Il aura mis près de 3 jours pour enfin arriver chez lui et aura pris tous les moyens de transport imaginables. Nous tenons à profiter de cette newsletter pour le remercier de son engagement et de sa persévérance à mener à bien la mission.

COVID-19

L’arrivée du COVID-19 en Tanzanie a amené le gouvernement à adopter des mesures de fermeture des écoles et universités, à interdire les rassemblements de plus de 10 personnes, et à mettre en place des mesures de distanciation sociale et d’hygiène. Des mesures de quarantaine à l’égard de toutes personnes provenant de pays dans lesquels le COVID-19 est considéré comme sérieux ont également été mises en place.

Concrètement cela nous amène à reporter une bonne partie des activités prévues qui réunissaient un nombre important de participants (réunions dans les villages ou avec les groupes de producteurs, formations, etc.). L’évaluation externe du projet à Inyonga a pu être conduite suite à consultation des autorités du District, toutefois il n’a pas été possible d’organiser des réunions avec les apiculteurs, ou des groupes d’acteurs important en raison de ces contraintes.

La situation est encore plus compliquée à Lukula, de fait il n’y a pas de centre de santé digne de ce nom et l’hôpital le plus proche est situé à près de 200 km, la plupart des routes d’accès étant coupées par les inondations, et les réunions et formations étant impossibles, nous sommes quasiment à l’arrêt complet.

Nous espérons que les conditions s’améliorent rapidement en matière d’inondations, par contre l’évolution de la pandémie demeure une question ouverte à ce jour. Nous tenons à remercier nos équipes sur le terrain pour leur travail dans des conditions environnementales et sanitaires difficiles et nous mettrons en oeuvre les mesures nécessaires pour assurer les acquis des projets tout en protégeant nos travailleurs.

Retrouvez-nous sur